Le geste de la matière, la matière du geste.
Thierry Moyne, peintre et calligraphe.
Thierry Moyne entend restaurer notre lien sensible à la mémoire de la Terre. Par la fusion intime de la vigne et du peintre, loin des mots et sans le filtre de la langue, un trait animé de vie rend visible l’invisible.
La pratique quotidienne du taï chi chuan et du qi gong, arts ancestraux chinois, ancre Thierry Moyne dans un investissement corporel total. Liant l’esprit et le corps, il se reconnaît dans la pensée chinoise incarnée en occident par des artistes tels que Zao Wu Ki, dont la puissance du travail a failli mettre un terme à ses recherches artistiques, Fabienne Verdier qui lui a ouvert les portes de l’exigence et du pouvoir de la caligraphie à travers son ouvrage La Passagère du silence ou François Cheng, dont le livre Cinq méditations sur la beauté nourrit sa pratique picturale.
La singularité de son travail est la recherche continuelle du médium qui va servir au plus juste son expression artistique. L’utilisation des marnes du Lias et du Trias du Jura (entre 110 et 240 millions d’années d’histoire géologique) récoltées, puis mélangées avec de l’eau de rivière locale ou du vin issu de ces terroirs, l’emploi exclusif de liants naturels (œuf, caséine, chaux, gomme arabique) confèrent à sa production une texture, un grain particuliers ainsi que des couleurs sans précédent.
L’encre de Chine et les outils du calligraphe lui permettent un geste incarné qui cisèle au plus près la matière. Une efficacité pour aller à l’essentiel, un trait, une ligne qui porte l’œuvre et équilibre parfaitement les autres éléments de la composition.
Au cœur des signes que Thierry Moyne déploie, germent parfois des formes indéterminées par lesquelles il nous laisse un espace de liberté pour projeter nos propres rêves et nous relier aux mondes sensibles.